13 juillet 2015 par admin 13 juillet 2015 2 Commentaires 380 vus Premier disciple et vĂ©ritable lien vivant de lâhĂ©ritage de Cheikh Anta Diop Ă travers le monde moderne, ThĂ©ophile Obenga est Ă©galement lâun des plus grands intellectuels africains encore en vie. Portrait dâun homme pluridisciplinaire engagĂ© dans le combat politique africain. Par Sandro CAPO CHICHI / NofipĂ©dia Jeunesse et origines Joseph ThĂ©ophile Obenga naĂźt le 2 fĂ©vrier 1936 Ă Mbaya en pays Bangangoulou dans le nord du Congo Brazzaville, dâun pĂšre employĂ© dâune entreprise de concession coloniale. Ses parents sont tous deux dâethnie mbochi et chrĂ©tiens. Le jeune ThĂ©ophile Ă©tudie Ă Brazzaville dans une Ă©cole primaire et un collĂšge privĂ©s catholiques. Obenga rapporte la rigueur » de ses enseignants missionnaires de lâĂ©poque qui lui ont appris la discipline, le travail et la loyautĂ©. Ă lâĂ©poque, ses amis sont de tous horizons ethniques et aussi du Congo-Kinshasa. A leur contact, il apprend dâautres langues contre le kikongo. Cette enfance dans un contexte pluriethnique et plurilinguistique auront plus tard une influence dĂ©terminante dans sa farouche opposition aux chercheurs europĂ©ens et leur vision tribaliste » de lâAfrique. Excellent Ă©lĂšve, Ă la fois en sciences exactes et humaines, le jeune Obenga ne se rend pas compte de la rĂ©alitĂ© coloniale jusquâĂ ce quâun de ses professeurs, en classe de troisiĂšme, ne dise Ă sa classe que les Noirs sont infĂ©rieurs aux EuropĂ©ens. Cet Ă©vĂ©nement, bouleversant pour lui, aura une influence dĂ©terminante sur son avenir. Il sâefforcera dĂ©sormais de prouver le contraire de lâassertion de son professeur, lisant et travaillant davantage. Entre-temps, il intĂšgre les lycĂ©es Victor Augagneur et Savorgnan de Brazza. Au terme de ces Ă©tudes, il obtient son baccalaurĂ©at session lettres. Il poursuit lâĂ©tude de cette discipline pendant un an Ă lâUniversitĂ© de Brazzaville. DĂ©part pour la France Vers 1959, ThĂ©ophile Obenga sâinstalle en France pour y poursuivre ses Ă©tudes Ă lâuniversitĂ© de Bordeaux. Il y choisit la philosophie, mais sans vĂ©ritable certitude sur son avenir professionnel. En dehors de ses Ă©tudes il sâintĂ©resse toutefois au devenir de lâAfrique, lisant de nombreux intellectuels noirs contemporains et frĂ©quentant les organisations Ă©tudiantes africaines. Il est particuliĂšrement marquĂ© par le courant de la NĂ©gritude et, comme Ă Brazzaville, il frĂ©quente des Africains de diffĂ©rentes origines. Vers 1962, lâun dâentre eux, le futur sociologue camerounais Joseph Mboui, lui recommande le livre dâun chercheur sĂ©nĂ©galais Ă lâĂ©poque trĂšs controversĂ© dans le milieu universitaire français. La dĂ©couverte de Cheikh Anta Diop ThĂ©ophile Obenga accepte Ă contre-cĆur de lire lâouvrage Nations NĂšgres et Culture de Cheikh Anta Diop, mais le termine en une seule nuit. Il sâagit dâune rĂ©vĂ©lation pour ThĂ©ophile Obenga. Cet ouvrage â qui sâintĂ©resse notamment Ă la falsification et Ă lâeuropĂ©anisation de lâhistoire de lâAfrique, et notamment de lâEgypte des Pharaons, et Ă lâavenir scientifique, politique et culturel de lâAfrique â donne Ă Obenga une voie Ă suivre, voire une raison de vivre. Il se rend Ă Paris pour acheter tous les ouvrages de Diop, puis vĂ©rifie par un travail de recherche en bibliothĂšque les thĂ©ories qui y sont dĂ©veloppĂ©es. Ces recherches le confortent dans son opinion positive de lâouvrage et il prĂ©sente le livre Ă ses camarades, mais se heurte Ă leur scepticisme. La tendance est alors, chez les jeunes Africains, Ă suivre les critiques des Africanistes europĂ©ens par leur autoritĂ© plus que par la qualitĂ© de leurs arguments. Obenga abandonne la philosophie et dĂ©cide se consacrer Ă lâHistoire. Il sâinscrit vers lâĂąge de 30 ans pour Ă©tudier cette discipline Ă la Sorbonne. La naissance dâun combattant intellectuel AprĂšs avoir obtenu sa licence dâhistoire, il Ă©tudie la prĂ©histoire et la palĂ©ontologie, et sâinitie pendant une annĂ©e Ă lâarabe pour avoir accĂšs aux sources arabes de lâHistoire africaine. Il part ensuite Ă©tudier Ă GenĂšve oĂč il suit des formations dâhistoire, de linguistique et dâĂ©gyptologie. Vers 1966-1967, il contacte pour la premiĂšre fois Cheikh Anta Diop qui lâencourage Ă poursuivre dans cette voie, notamment Ă travers la maĂźtrise de la langue Ă©gyptienne. Obenga redouble dâefforts, ignorant les railleries de ses camarades sur ce quâils considĂšrent comme de lâĂ©parpillement. En 1969, il rencontre Cheikh Anta Diop Ă Paris lors dâun colloque qui accepte de prĂ©facer son premier ouvrage, lâAfrique dans lâAntiquitĂ©. Il y introduit notamment des Ă©tudes comparĂ©es dâĂ©critures africaines ainsi que la thĂ©orie linguistique du nĂ©gro-Ă©gyptien, qui fait remonter les langues africaines non-sĂ©mitiques, non berbĂšres et non khoisans Ă une mĂȘme langue ancestrale, dont dĂ©rive aussi lâĂ©gyptien ancien. Il paraĂźtra en 1973 et recevra lâĂ©loge du milieu universitaire français. Entre-temps, il a aussi Ă©tudiĂ© les sciences de lâĂ©ducation Ă Pittsburgh aux Etats-Unis. Cheikh Anta Diop Retour Ă Brazzaville et Colloque du Caire En 1970, lâannĂ©e suivante et fort de son succĂšs, il rentre au Congo oĂč il intĂšgre le dĂ©partement dâhistoire. Il y rencontre un chercheur français, Michel M. Dufeil, qui le convainc de soutenir une thĂšse de doctorat, projet quâObenga avait abandonnĂ©. Le chercheur congolais souhaitait privilĂ©gier la pluridisciplinaritĂ© plutĂŽt que la recherche du diplĂŽme. Il soutiendra, plusieurs annĂ©es plus tard, une thĂšse sur travaux, câest-Ă -dire une compilation de ses travaux postĂ©rieurs, notamment sur les liens entre lâAfrique noire moderne et lâEgypte ancienne, mais aussi sur les civilisations dâAfrique centrale prĂ©coloniale. Entre-temps, il est nommĂ© Ă la tĂȘte de lâEcole Normale SupĂ©rieure et enseigne la linguistique et lâĂ©gyptien ancien Ă la facultĂ© de lettres de Brazzaville. En 1974, Cheikh Anta Diop et ThĂ©ophile Obenga participent Ă un colloque organisĂ© par lâUnesco consacrĂ© au peuplement de la VallĂ©e du Nil et au dĂ©chiffrement de lâĂ©criture mĂ©roĂŻtique. Les deux savants africains sont confrontĂ©s Ă des chercheurs pour la plupart occidentaux dans un dĂ©bat contradictoire sur lâorigine des Egyptiens anciens. La thĂšse des deux Africains, bien que contestĂ©e par leurs contradicteurs du colloque, sera publiĂ©e dans les actes du colloque. Il sâagit dâune premiĂšre reconnaissance internationale pour les travaux de ce qui deviendra lâEcole africaine dâEgyptologie. Pour la premiĂšre fois depuis longtemps, la nĂ©gro-africanitĂ© de lâEgypte lui est reconnue, en tous cas Ă travers ses liens linguistiques et culturels avec lâAfrique noire contemporaine. Dans les annĂ©es qui suivent, Obenga publie de maniĂšre prolifique dans des domaines divers, bien que tous orientĂ©s vers le devenir de lâAfrique poĂ©sie, pĂ©dagogie, histoire politique et culturelle. En 1975, il entreprend une biographie du PrĂ©sident congolais Marien Ngouabi sous le contrĂŽle de ce dernier. Il la publie en 1977, lâannĂ©e de son assassinat. Cette mĂȘme annĂ©e, il est nommĂ© ministre des Affaires Ă©trangĂšres et de la coopĂ©ration du nouveau prĂ©sident jusquâen 1979, date de son Ă©viction et de lâarrivĂ©e au pouvoir de Denis Sassou Nguesso. Obenga, Diop et Jean Leclant lors du Colloque du Caire 1974 AnnĂ©es 1980 et 1990 Entre 1985 et 1991, ThĂ©ophile Obenga est Ă la tĂȘte du Centre international des Civilisations Bantu CICIBA, situĂ© Ă Libreville au Gabon. Il sâagit dâune grande unitĂ© de recherche pluridisciplinaire sur les civilisations de langues bantoues. Câest une initiative panafricaine puisque onze pays africains lusophones, francophones et anglophones ont contribuĂ© Ă sa crĂ©ation. Obenga crĂ©e notamment dans le cadre du CICIBA la revue Muntu. Pendant cette pĂ©riode, qui voit aussi la mort de son pĂšre spirituel Cheikh Anta Diop en 1986, Obenga soutient aussi sa thĂšse sur travaux pour laquelle il obtient un Doctorat dâEtat Ăšs Lettres de lâUniversitĂ© de Montpellier sous la direction de Michel M. Dufeil. En 1991 toutefois, aprĂšs un dĂ©clin des financements allouĂ©s au CICIBA, il quitte le Gabon pour son pays dâorigine oĂč il enseigne Ă nouveau lâĂ©gyptologie. La dĂ©cennie des annĂ©es 90 est particuliĂšrement prolifique pour lâuniversitaire ThĂ©ophile Obenga. En 1990, il publie lâouvrage La philosophie africaine de la pĂ©riode pharaonique 2780-330 qui montre avec une Ă©tude de textes Ă©gyptiens que ceux-ci procĂšdent dâune vĂ©ritable rĂ©flexion philosophique et que cette tradition est comparable Ă bien dâautres en Afrique noire moderne. En 1992, il crĂ©e ANKH, une revue consacrĂ©e Ă lâEgyptologie aux sciences exactes et aux civilisations africaines dans le paradigme de recherche ouvert par Cheikh Anta Diop dans laquelle il publie depuis rĂ©guliĂšrement ; lâannĂ©e suivante, câest la sortie dâOrigine commune de lâĂ©gyptien ancien, du copte et des langues nĂ©gro-africaines modernes introduction Ă la linguistique historique africaine, un ouvrage dĂ©diĂ© Ă la comparaison des langues africaines modernes de lâĂ©gyptien ancien et Ă la reconstruction de leur langue ancĂȘtre commune. Comme il lâannonçait dĂ©jĂ dans lâAfrique dans lâAntiquitĂ©, le sĂ©mitique et le berbĂšre ne seraient pas apparentĂ©s Ă lâĂ©gyptien, mais le Niger-Congo et le Nilo-Saharien oui le chamito-sĂ©mitique serait une invention raciste créée pour accompagner le mensonge de lâappartenance de lâĂ©gyptien au monde sĂ©mitique et moyen oriental. Entre 1993 et 1994, Obenga est nommĂ© au ministĂšre de la Culture du Congo, sous le gouvernement de Pascal Lissouba. A cette Ă©poque, il prĂ©pare une grammaire de la langue Ă©gyptienne mais perd le fruit de son travail dans un incendie Ă la suite du conflit civil. TouchĂ© par les Ă©vĂ©nements violents dans son pays, il consacrera des ouvrages Ă une meilleure comprĂ©hension et Ă une rĂ©solution des conflits qui y rĂšgnent 1998, 2001, 2010 . En 1995, annĂ©e de la publication de La GĂ©omĂ©trie Ă©gyptienne â Contribution de lâAfrique antique Ă la mathĂ©matique mondiale, ThĂ©ophile Obenga est invitĂ© par le Professeur Molefi Kete Asante Ă enseigner dans le dĂ©partement dâĂ©tudes africaines de lâUniversitĂ© de Temple en 1995 et 1996. En 1996, il publie Cheikh Anta Diop Volney et le Sphinx, consacrĂ© Ă lâapport de Cheikh Anta Diop Ă lâHistoriographie mondiale. En 1998, il est nommĂ© Ă la tĂȘte du dĂ©partement des Black Studies de lâUniversitĂ© de San Francisco. Il y restera prĂšs de dix ans avant dâĂȘtre dĂ©classĂ© de son titre de chef du dĂ©partement au profit de lâuniversitaire amĂ©ricaine Dorothy Tsuruta, puis de quitter le dĂ©partement pour le Congo. AnnĂ©es 2000 Ă aujourdâhui En 2001, en rĂ©ponse Ă Africanismes, un ouvrage critique sur lâĆuvre et lâinfluence scientifique de Cheikh Anta Diop Ă©ditĂ© par des africanistes français, ThĂ©ophile Obenga publie Le sens de la lutte contre lâafricanisme eurocentriste. Il y dĂ©nonce, de maniĂšre aussi concise que brutale, le racisme et les insuffisances de beaucoup de chercheurs europĂ©ens spĂ©cialistes » de lâAfrique, faisant remarquer la perte de lâinfluence de ceux-ci sur les nouvelles gĂ©nĂ©rations dâintellectuels africains et le futur de lâAfrique. En 2006, il publie LâEgypte, la GrĂšce et lâĂ©cole dâAlexandrie, un livre consacrĂ© Ă lâinfluence Ă©gyptienne sur la philosophie grecque. De nouvelles Ă©tymologies Ă©gyptiennes de mots grecs y sont notamment proposĂ©es. Les annĂ©es 2000 et 2010 voient en outre Obenga multiplier les articles scientifiques dans la revue ANKH et publier des travaux sur lâavenir politique, intellectuel et culturel de lâAfrique. Lâun de ces derniers prend la forme dâune participation Ă un ouvrage collectif intitulĂ© LâAfrique rĂ©pond Ă Sarkozy en rĂ©ponse au dĂ©clarations racistes du PrĂ©sident français en 2007. En 2009, il apporte son soutien Ă Denis Sassou Nguesso pour lâĂ©lection prĂ©sidentielle de la mĂȘme annĂ©e, et formule son souhait de voir crĂ©er une universitĂ© moderne Ă Brazzaville dont il coconçoit le projet. Il renouvelle en 2014 son soutien Ă Denis Sassou Nguesso pour lâĂ©lection prĂ©sidentielle de 2016 et Ă la rĂ©vision de la Constitution souhaitĂ©e par celui-ci pour se reprĂ©senter. Dans Appel Ă la jeunesse africaine contrat social africain pour le XXIe siĂšcle, publiĂ© en 2007, ThĂ©ophile Obenga exhorte la jeunesse dâAfrique Ă redĂ©couvrir son histoire, se la rĂ©approprier et Ă Ćuvrer pour la Renaissance du continent, arguant que le futur de lâAfrique est panafricain ». Ainsi furent quelques faits de la vie de ThĂ©ophile Obenga, premier disciple actif de Cheikh Anta Diop, chef traditionnel mbochi, homme politique, historien, Ă©gyptologue, philosophe, linguiste et poĂšte qui a et continue Ă donner, Ă prĂšs de 80 ans, chaque souffle de son Ă©nergie vitale Ă la naissance dâune nouvelle Afrique paisible et souveraine culturellement, politiquement et Ă©conomiquement. ThĂ©ophile Obenga SOURCE
CheikhAnta DIOP sâest rĂ©vĂ©lĂ© depuis 1954, date de parution de son ouvrage-phare Nations nĂšgres et culture, comme un puissant savant, prĂ©occupĂ© de repenser lâhistoire de lâAfrique noire et de fournir les fondements dâune vĂ©ritable culture philosophique nĂšgre, en recourant Ă LâEgypte pharaonique (Ngoma-Binda 1992:122-130 ; Obenga 1990, Bilolo
Ă lâĂ©poque, son livre Nations nĂšgres et culture paru en 1954 augure une rĂ©volution intellectuelle pour la pensĂ©e africaine. Mais le natif de Diourbel au SĂ©nĂ©gal doit affronter, ce samedi 9 janvier 1960, la dĂ©fiance de la communautĂ© scientifique occidentale qui ne valide pas ses travaux. La salle Louis Liard de la Sorbonne, au coeur du Quartier Latin Ă Paris, est anormalement bruyante en ce samedi hivernal du dĂ©but des annĂ©es 1960. Pour cause, le fameux amphithéùtre dĂ©diĂ© Ă la soutenance de thĂšse accueille Cheikh Anta Diop. De jeunes Africains se sont rĂ©unis par centaines pour supporter lâintellectuel sĂ©nĂ©galais. Lâex-secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral des Ă©tudiants du Rassemblement dĂ©mocratique africain1 jouit dâune grande notoriĂ©tĂ© dans les milieux intellectuels et militants. Ce 9 janvier, il prĂ©sente une âĂtude comparĂ©e des systĂšmes politiques et sociaux de lâEurope et de lâAfrique, de lâAntiquitĂ© Ă la formation des Ătats modernesâ. Lâoccasion historique de rĂ©parer une injustice. En 1953 en effet, Cheikh Anta Diop avait Ă©chouĂ© Ă rĂ©unir un jury pour prĂ©senter un sujet de thĂšse intitulĂ© âQuâĂ©taient les Ăgyptiens prĂ©dynastiques ?â. Il reprendra toutefois ses idĂ©es dans Nations nĂšgres et culture, Ă©ditĂ© lâannĂ©e suivante par PrĂ©sence Africaine. Il y dĂ©veloppe lâidĂ©e selon laquelle les populations dâAfrique noire ont une unitĂ© culturelle qui provient de lâĂgypte antique. Il affirme que les Ăgyptiens se dĂ©finissaient comme un peuple Ă la peau noire. Diop sâappuie notamment sur les savants de la GrĂšce antique tels que HĂ©rodote ou Pythagore qui ont suivi une partie de leur instruction en Ăgypte. En pleine pĂ©riode de lutte contre lâoppression coloniale, ce livre fait lâeffet dâune bombe. Il devient rapidement une Ćuvre de rĂ©fĂ©rence et reçoit les Ă©loges de lâintellectuel martiniquais AimĂ© CĂ©saire dans son cĂ©lĂšbre Discours sur le colonialisme, oĂč il qualifie Nations nĂšgre et culture de âlivre le plus audacieux quâun nĂšgre ait jusquâici Ă©crit et qui comptera Ă nâen pas douter, dans le rĂ©veil de lâAfrique.â Cheikh Anta Diop participe en 1956 au premier CongrĂšs des Ă©crivains et artistes noirs Ă la Sorbonne aux cĂŽtĂ©s de Frantz Fanon, Richard Wright ou encore Amadou HampatĂ© Ba. Ce 9 janvier 1960 est donc un jour trĂšs attendu puisquâil sâagit pour Diop de valider son travail auprĂšs de la communautĂ© scientifique. Ses travaux Ă©tant pluridisciplinaires, le jury le sera tout autant. Sont donc prĂ©sents le prĂ©historien AndrĂ© Leroi-Gourhaud, le sociologue Roger Bastide, lâethnologue Hubert Deschamps et lâafricaniste Georges Balandier. AndrĂ© Aymard, doyen de la facultĂ© des Lettres, spĂ©cialiste de lâantiquitĂ© grecque prĂ©side le jury. Les dĂ©bats sont hostiles, Diop se dĂ©fend avec hargne. La soutenance dure entre 6 et 7 heures, une Ă©ternitĂ©. La dĂ©libĂ©ration arrive enfin la thĂšse est validĂ©e avec la mention honorable. MalgrĂ© tout, elle est insuffisante pour permettre Ă lâintellectuel sĂ©nĂ©galais de devenir Professeur dans lâUniversitĂ© française. Cheikh Anta Diop annonce quâil retourne au SĂ©nĂ©gal. LâindĂ©pendance du pays sera effective en aoĂ»t de la mĂȘme annĂ©e. Mais lĂ encore, le prĂ©sident et intellectuel LĂ©opold SĂ©dar Senghor sâappuiera sur la dĂ©cision du jury pour lui interdire dâenseigner Ă lâUniversitĂ© de Dakar. Les deux hommes sâapprĂ©cient peu, Diop est lâun des plus farouches opposants Ă Senghor et sa politique francophile. Ironie de lâhistoire, lâUniversitĂ© de Dakar a Ă©tĂ© rebaptisĂ©e UniversitĂ© Cheikh Anta Diop en 1987⊠-Source africultures Samba DoucourĂ© Journaliste de formation et pratiquant depuis 1996... Libre penseur.
Legrand professeur Théophile Obenga dans son livre «Cheikh Anta Diop, Volney et le Sphinx», nous dit ceci: «Aujourd'hui, la science physico-chimique donne entiÚrement raison à Cheikh Anta Diop. En effet, Jacques Labeyrie, qui à dirigé le centre des faibles radioactivités (CFR) du commissariat à l'énergie atomique (CEA) et du centre
Cheikh Anta Diop naĂźt en 1923 dans un petit village du SĂ©nĂ©gal, Caytou. L'Afrique est sous la domination coloniale europĂ©enne qui a pris le relai de la traite nĂ©griĂšre atlantique commencĂ©e au 16Ăšme siĂšcle. La violence dont l'Afrique est l'objet, n'est pas de nature exclusivement militaire, politique et Ă©conomique. ThĂ©oriciens Voltaire, Hume, Hegel, Gobineau, LĂ©vy Bruhl, etc. et institutions d'Europe l'institut d'ethnologie de France créé en 1925 par L. LĂ©vy Bruhl, par exemple, s'appliquent Ă lĂ©gitimer au plan moral et philosophique l'infĂ©rioritĂ© intellectuelle dĂ©crĂ©tĂ©e du NĂšgre. La vision d'une Afrique anhistorique et atemporelle, dont les habitants, les NĂšgres, n'ont jamais Ă©tĂ© responsables, par dĂ©finition, d'un seul fait de civilisation, s'impose dĂ©sormais dans les Ă©crits et s'ancre dans les consciences. L'Ăgypte est ainsi arbitrairement rattachĂ©e Ă l'Orient et au monde mĂ©diterranĂ©en gĂ©ographiquement, anthropologiquement, culturellement. C'est donc dans un contexte singuliĂšrement hostile et obscurantiste que Cheikh Anta Diop est conduit Ă remettre en cause, par une investigation scientifique mĂ©thodique, les fondements mĂȘmes de la culture occidentale relatifs Ă la genĂšse de l'humanitĂ© et de la civilisation. La renaissance de l'Afrique, qui implique la restauration de la conscience historique, lui apparaĂźt comme une tĂąche incontournable Ă laquelle il consacrera sa vie. Câest ainsi quâil s'attache, dĂšs ses Ă©tudes secondaires Ă Dakar et St Louis du SĂ©nĂ©gal, Ă se doter d'une formation pluridisciplinaire en sciences humaines et en sciences exactes, nourrie par des lectures extrĂȘmement nombreuses et acquiert une remarquable maĂźtrise de la culture europĂ©enne, il n'en est pas moins profondĂ©ment enracinĂ© dans sa propre culture. Sa parfaite connaissance du wolof, sa langue maternelle, se rĂ©vĂšlera ĂȘtre l'une des principales clĂ©s qui lui ouvrira les portes de la civilisation pharaonique. Par ailleurs, l'enseignement coranique le familiarise avec le monde arabo-musulman. A partir des connaissances accumulĂ©es et assimilĂ©es sur les cultures africaine, arabo-musulmane et europĂ©enne, Cheikh Anta Diop Ă©labore des contributions majeures dans diffĂ©rents domaines. L'ensemble se prĂ©sente comme une Ćuvre cohĂ©rente et puissante qui fait de Cheikh Anta Diop un savant et un humaniste. On se propose dans une premiĂšre partie de dĂ©gager de maniĂšre concise quelques-uns des traits essentiels de son Ćuvre. En second lieu, on prĂ©sente la poursuite de l'Ćuvre du savant dans le domaine de l'histoire et de l'Ă©gyptologie. L'Ćuvre de Cheikh Anta Diop La reconstitution scientifique du passĂ© de l'Afrique et la restauration de la conscience historique Au moment oĂč Cheikh Anta Diop entreprend ses premiĂšres recherches historiques annĂ©es 40 l'Afrique noire ne constitue pas "un champ historique intelligible" pour reprendre une expression de l'historien britannique Arnold Toynbee. Il est symptĂŽmatique qu'encore au seuil des annĂ©es 60, dans le numĂ©ro d'octobre 1959 du Courrier de l'UNESCO, l'historien anglo-saxon Basile Davidson introduise son propos sur la "DĂ©couverte de l'Afrique" par la question "Le Noir est-t-il un homme sans passĂ© ?" Dans son rĂ©cent ouvrage "Cheikh Anta Diop, Volney et le Sphinx", ThĂ©ophile Obenga montre magistralement en quoi consiste l'originalitĂ© et la nouveautĂ© de la problĂ©matique historique africaine ouverte et dĂ©veloppĂ©e par Cheikh Anta Diop "En refusant le schĂ©ma hĂ©gĂ©lien de la lecture de l'histoire humaine, Cheikh Anta Diop s'est par consĂ©quent attelĂ© Ă Ă©laborer, pour la premiĂšre fois en Afrique noire une intelligibilitĂ© capable de rendre compte de l'Ă©volution des peuples noirs africains, dans le temps et dans l'espace [...] Un ordre nouveau est nĂ© dans la comprĂ©hension du fait culturel et historique africain. Les diffĂ©rents peuples africains sont des peuples "historiques" avec leur Ătat l'Ăgypte, la Nubie, Ghana, Mali, Zimbabwe, Kongo, BĂ©nin, etc. leur esprit, leur art, leur science. Mieux, ces diffĂ©rents peuples historiques africains s'accomplissent en rĂ©alitĂ© comme des facteurs substantiels de l'unitĂ© culturelle africaine". [ThĂ©ophile Obenga, Leçon inaugurale du colloque de Dakar de fĂ©vrier-mars 1996 intitulĂ© "L'Ćuvre de Cheikh Anta Diop - La Renaissance de l'Afrique au seuil du troisiĂšme millĂ©naire", Actes du colloque de Dakar Ă paraĂźtre. Nations nĂšgres et Culture â De l'AntiquitĂ© nĂšgre Ă©gyptienne aux problĂšmes culturels de l'Afrique d'aujourd'huiâ que publie en 1954 Cheikh Anta Diop aux Ăditions PrĂ©sence Africaine créées par Alioune Diop est le livre fondateur d'une Ă©criture scientifique de lâhistoire africaine. La reconstitution critique du passĂ© de l'Afrique devient possible grĂące Ă l'introduction du temps historique et de l'unitĂ© culturelle. La restauration de la conscience historique devient alors elle aussi possible. Les principales thĂ©matiques dĂ©veloppĂ©es par Cheikh Anta Diop Les thĂ©matiques prĂ©sentes dans l'Ćuvre de Cheikh Anta Diop peuvent ĂȘtre regroupĂ©es en six grandes catĂ©gories a. L'origine de l'homme et ses migrations. Parmi les questions traitĂ©es l'anciennetĂ© de l'homme en Afrique, le processus de diffĂ©rentiation biologique de lâhumanitĂ©, le processus de sĂ©mitisation, lâĂ©mergence des BerbĂšres dans lâhistoire, l'identification des grands courants migratoires et la formation des ethnies africaines. b. La parentĂ© Ăgypte ancienne/Afrique noire. Elle est Ă©tudiĂ©e selon les aspects suivants le peuplement de la vallĂ©e du Nil, la genĂšse de la civilisation Ă©gypto-nubienne, la parentĂ© linguistique, la parentĂ© culturelle, les structures socio-politiques, etc. c. La recherche sur l'Ă©volution des sociĂ©tĂ©s. Plusieurs dĂ©veloppements importants sont consacrĂ©s Ă la genĂšse des formes anciennes d'organisation sociale rencontrĂ©es dans les aires gĂ©ographiques mĂ©ridionale Afrique et septentrionale Europe, Ă la naissance de l'Ătat,.Ă la formation et l'organisation des Ătats africains aprĂšs le dĂ©clin de l'Ăgypte, Ă la caractĂ©risation des structures politiques et sociales africaines et europĂ©ennes avant la pĂ©riode coloniale ainsi qu'Ă leur Ă©volution respective, aux modes de production, aux conditions socio-historiques et culturelles qui ont prĂ©sidĂ© Ă la Renaissance europĂ©enne. d. L'apport de l'Afrique Ă la civilisation. Cet apport est restituĂ© dans de nombreux domaines la mĂ©tallurgie, l'Ă©criture, les sciences mathĂ©matiques, astronomie, mĂ©decine, ..., les arts et l'architecture, les lettres, la philosophie, les religions rĂ©vĂ©lĂ©es judaĂŻsme, christianisme, islam, etc. e. Le dĂ©veloppement Ă©conomique, technique, industriel, scientifique, institutionnel, culturel de l'Afrique. Toutes les questions majeures que pose l'Ă©dification d'une Afrique moderne sont abordĂ©es maĂźtrise des systĂšmes Ă©ducatif, civique et politique avec l'introduction et l'utilisation des langues nationales Ă tous les niveaux de la vie publique ; l'Ă©quipement Ă©nergĂ©tique du continent ; le dĂ©veloppement de la recherche fondamentale ; la reprĂ©sentation des femmes dans les institutions politiques ; la sĂ©curitĂ© ; la construction d'un Ătat fĂ©dĂ©ral dĂ©mocratique, etc. La crĂ©ation par Cheikh Anta Diop du laboratoire de datation par le radiocarbone qu'il dirige jusqu'Ă sa disparition est significative de toute l'importance accordĂ©e Ă "l'enracinement des sciences en Afrique". f. L'Ă©dification d'une civilisation planĂ©taire. L'humanitĂ© doit rompre dĂ©finitivement avec le racisme, les gĂ©nocides et les diffĂ©rentes formes dâesclavage. La finalitĂ© est le triomphe de la civilisation sur la barbarie. Cheikh Anta Diop appelle de ses vĆux l'avĂšnement de l'Ăšre qui verrait toutes les nations du monde se donner la main "pour bĂątir la civilisation planĂ©taire au lieu de sombrer dans la barbarie" Civilisation ou Barbarie, 1981. Lâaboutissement dâun tel projet suppose - la dĂ©nonciation de la falsification moderne de l'histoire "La conscience de l'homme moderne ne peut progresser rĂ©ellement que si elle est rĂ©solue Ă reconnaĂźtre explicitement les erreurs d'interprĂ©tations scientifiques, mĂȘme dans le domaine trĂšs dĂ©licat de l'Histoire, Ă revenir sur les falsifications, Ă dĂ©noncer les frustrations de patrimoines. Elle s'illusionne, en voulant asseoir ses constructions morales sur la plus monstrueuse falsification dont l'humanitĂ© ait jamais Ă©tĂ© coupable tout en demandant aux victimes d'oublier pour mieux aller de l'avant" Cheikh Anta Diop, AntĂ©rioritĂ© des civilisations nĂšgres â mythe ou vĂ©ritĂ© historique ?, Paris, PrĂ©sence Africaine, p. 12. - la rĂ©affirmation de l'unitĂ© biologique de l'espĂšce humaine fondement dâune nouvelle Ă©ducation qui rĂ©cuse toute inĂ©galitĂ© et hiĂ©rachisation raciales "... Donc, le problĂšme est de rééduquer notre perception de l'ĂȘtre humain, pour qu'elle se dĂ©tache de l'apparence raciale et se polarise sur l'humain dĂ©barrassĂ© de toutes coordonnĂ©es ethniques." Cheikh Anta Diop, "L'unitĂ© d'origine de l'espĂšce humaine", in Actes du colloque d'AthĂšnes Racisme science et pseudo-science, Paris, UNESCO, coll. Actuel, 1982, pp. 137-141. L'ensemble de ces grandes problĂ©matiques dĂ©finit de façon claire et cohĂ©rente un cadre, des axes et un programme de travail. L'apport mĂ©thodologique et les acquis du colloque du Caire Pour sortir l'Afrique du paradigme anhistorique et ethnographique dans lequel anthropologues et africanistes l'avaient confinĂ©e Cheikh Anta Diop adopte une mĂ©thodologie de recherche qui s'appuie sur des Ă©tudes diachroniques, le comparatisme critique, la pluridisciplinaritĂ© archĂ©ologie, linguistique, ethnonymie/toponymie, sociologie, sciences exactes, etc.. GrĂące Ă une approche Ă la fois analytique et synthĂ©tique il lui a Ă©tĂ© possible de rendre aux faits historiques, sociologiques, linguistiques, culturels du continent africain, leur cohĂ©rence et leur intelligibilitĂ©. La nouvelle mĂ©thodologie en matiĂšre d'histoire africaine que prĂ©conise et met en Ćuvre Cheikh Anta Diop dans ses travaux est exposĂ©e dans son livre AntĂ©rioritĂ© des civilisations nĂšgres â mythe ou vĂ©ritĂ© historique ?, op. cit., pp. 195-214 et largement commentĂ©e par le professeur Aboubacry Moussa Lam cf. bibliographie. S'agissant de l'Ăgypte ancienne alors Ă©tudiĂ©e dans son contexte nĂ©gro-africain, Cheikh Anta Diop Ă©crit "Partant de l'idĂ©e que l'Ăgypte ancienne fait partie de l'univers nĂšgre, il fallait la vĂ©rifier dans tous Ies domaines possibles, racial ou anthropologique, linguistique, sociologique, philosophique, historique, etc. Si l'idĂ©e de dĂ©part est exacte, l'Ă©tude de chacun de ces diffĂ©rents domaines doit conduire Ă la sphĂšre correspondante de l'univers nĂšgre africain. L'ensemble de ces conclusions formera un faisceau de faits concordants qui Ă©liminent le cas fortuit. C'est en cela que rĂ©side la preuve de notre hypothĂšse de dĂ©part. Une mĂ©thode diffĂ©rente n'aurait conduit qu'Ă une vĂ©rification partielle qui ne prouverait rien. Il fallait ĂȘtre exhaustif" Cheikh Anta Diop, AntĂ©rioritĂ© des civilisations nĂšgres â mythe ou vĂ©ritĂ© historique ?, Paris, PrĂ©sence Africaine, 1967, p. 275. En 1970, l'UNESCO sollicite Cheikh Anta Diop pour devenir membre du ComitĂ© scientifique international pour la rĂ©daction d'une Histoire gĂ©nĂ©rale de l'Afrique. Son exigence d'objectivitĂ© le conduit Ă poser trois prĂ©alables Ă la rĂ©daction des chapitres consacrĂ©s Ă l'histoire ancienne de l'Afrique. Les deux premiers consistent en la tenue d'un colloque international, organisĂ© par l'UNESCO, rĂ©unissant des chercheurs de rĂ©putation mondiale, pour d'une part, traiter de l'origine des anciens Ăgyptiens, et d'autre part faire le point sur le dĂ©chiffrement de l'Ă©criture mĂ©roĂŻtique. En effet, une confrontation des travaux de spĂ©cialistes du monde entier lui paraissait indispensable pour faire avancer la science historique. Le troisiĂšme prĂ©alable concerne la rĂ©alisation d'une couverture aĂ©rienne de l'Afrique afin de restituer les voies anciennes de communication du continent. C'est ainsi que se tient au Caire du 28 janvier au 3 fĂ©vrier 1974, organisĂ© par l'UNESCO dans le cadre de la RĂ©daction de l'Histoire gĂ©nĂ©rale de l'Afrique, le colloque intitulĂ© "Le peuplement de l'Ăgypte ancienne et le dĂ©chiffrement de l'Ă©criture mĂ©roĂŻtique". Ce colloque rassemble une vingtaine de spĂ©cialistes appartenant aux pays suivants Ăgypte, Soudan, Allemagne, USA, SuĂšde, Canada, Finlande, Malte, France, Congo et SĂ©nĂ©gal. La contribution trĂšs constructive des chercheurs africains tant au plan mĂ©thodologique qu'au niveau de la masse des faits apportĂ©s et instruits, a Ă©tĂ© reconnue par les participants et consignĂ© dans le compte-rendu du colloque, notamment dans le domaine de la linguistique "un large accord s'est Ă©tabli entre les participants". "Les Ă©lĂ©ments apportĂ©s par les professeurs DIOP et OBENGA ont Ă©tĂ© considĂ©rĂ©s comme trĂšs constructifs. ⊠Plus largement, le professeur SAUNERON a soulignĂ© l'intĂ©rĂȘt de la mĂ©thode proposĂ©e par le professeur OBENGA aprĂšs le professeur DIOP. L'Ăgypte Ă©tant placĂ©e au point de convergence d'influences extĂ©rieures, il est normal que des emprunts aient Ă©tĂ© faits Ă des langues Ă©trangĂšres ; mais il s'agit de quelques centaines de racines sĂ©mitiques par rapport Ă plusieurs milliers de mots. L'Ă©gyptien ne peut ĂȘtre isolĂ© de son contexte africain et le sĂ©mitique ne rend pas compte de sa naissance ; il est donc lĂ©gitime de lui trouver des parents ou des cousins en Afrique."[cf. Histoire gĂ©nĂ©rale de lâAfrique, Paris, Afrique/Stock/Unesco, 1980, pp. 795-823]. S'agissant de la culture Ă©gyptienne "Le professeur VERCOUTTER a dĂ©clarĂ© que, pour lui, l'Ăgypte Ă©tait africaine dans son Ă©criture, dans sa culture et dans sa maniĂšre de penser. Le professeur LECLANT a reconnu ce mĂȘme caractĂšre africain dans le tempĂ©rament et la maniĂšre de penser des Ăgyptiens." Le rapport, dans sa conclusion gĂ©nĂ©rale indique que "La trĂšs minutieuse prĂ©paration des communications des professeurs Cheikh Anta DIOP et OBENGA n'a pas eu, malgrĂ© les prĂ©cisions contenues dans le document de travail prĂ©paratoire envoyĂ© par l'UNESCO, une contrepartie toujours Ă©gale. Il s'en est suivi un vĂ©ritable dĂ©sĂ©quilibre dans les discussions." Depuis 1974, les dĂ©couvertes archĂ©ologiques, les Ă©tudes linguistiques, les Ă©tudes gĂ©nĂ©tiques, l'examen de la culture matĂ©rielle, l'Ă©tude de la philosophie, etc. ne font que confirmer chaque jour davantage les grandes orientations de recherche recommandĂ©es par le Colloque du Caire. La postĂ©ritĂ© intellectuelle Dans le domaine de l'Ă©gyptologie, par exemple, une communautĂ© d'Ă©gyptologues africains existe dĂ©sormais. Elle sâest constituĂ©e selon les Ă©tapes ci-aprĂšs. La pĂ©riode de la recherche solitaire 1946-1970 Jusqu'au dĂ©but des annĂ©es 1970, Cheikh Anta Diop poursuit, dans une totale solitude intellectuelle, ses recherches sur la parentĂ© existant entre l'Ăgypte ancienne et le reste de l'Afrique noire engagĂ©es dĂ©jĂ depuis plus d'une vingtaine d'annĂ©es. Un veto s'oppose implacablement Ă ce qu'il enseigne Ă l'UniversitĂ© de Dakar. Deux consĂ©quences immĂ©diates en dĂ©coulent l'impossibilitĂ© d'orienter et de former les jeunes gĂ©nĂ©rations d'historiens et d'Ă©gyptologues africains, et celle de procĂ©der au renouvellement complet des "Ătudes africaines" tant sur le plan du contenu de l'enseignement intĂ©gration des antiquitĂ©s Ă©gypto-nubiennes, etc. que sur celui des critĂšres de compĂ©tence. ThĂ©ophile Obenga rencontre Cheikh Anta Diop Au dĂ©but des annĂ©es 60, ThĂ©ophile Obenga, dĂ©couvre le livre de Cheikh Anta Diop Nations nĂšgres et Culture. ThĂ©ophile Obenga, est dĂ©jĂ formĂ© Ă la philosophie et il maĂźtrise le grec ancien ainsi que le latin. Il s'oriente de maniĂšre dĂ©cisive vers l'Ă©gyptologie et la linguistique. Il suit les enseignements de grands noms de la linguistique historique comme Henri Frei Ă l'UniversitĂ© de GenĂšve et Ămile Benveniste au CollĂšge de France Ă Paris. Les premiers rĂ©sultats des recherches de ThĂ©ophile Obenga en histoire et en linguistique paraissent dans des articles dĂšs 1969. C'est en 1973, qu'il publie aux Ăditions PrĂ©sence Africaine son premier grand livre, L'Afrique dans l'AntiquitĂ© - Ăgypte pharaonique/Afrique Noire. Le lecteur y trouvera entre autres des chapitres fondamentaux consacrĂ©s Ă la comparaison de la langue Ă©gyptienne ancienne et des langues nĂ©gro-africaines contemporaines, ainsi qu'aux Ă©critures anciennes du continent africain. Cheikh Anta Diop n'est dĂ©sormais plus seul. Il le sait et il exprime l'espoir, dans sa prĂ©face au livre de ThĂ©ophile Obenga, de voir se constituer Ă terme une Ă©quipe de chercheurs africains "Il est indispensable de crĂ©er une Ă©quipe de chercheurs africains oĂč toutes les disciplines sont reprĂ©sentĂ©es. C'est de la sorte qu'on mettra le plus efficacement possible la pensĂ©e scientifique au service de l'Afrique.", avec la mise en garde prĂ©alable suivante "Puissent-ils comprendre qu'Ă la maĂźtrise des connaissances il faut ajouter l'efficacitĂ© de l'organisation pour se maintenir". Le colloque du Caire 1974 Ă©voquĂ© plus haut consolide la collaboration entre les deux hommes pour la réécriture de l'histoire de l'Afrique et partant de l'humanitĂ©, sur des bases strictement objectives. Les acquis du colloque du Caire provoquent des fissures dans le dispositif d'isolement dressĂ© autour de Cheikh Anta Diop. La technicitĂ© du dĂ©bat scientifique, dĂ©voile jour aprĂšs jour, l'incompĂ©tence et l'imposture africaniste qui se rĂ©fugie de maniĂšre malsaine, hier comme aujourd'hui encore, dans une pseudo critique Ă caractĂšre psychanalytique ou dans le procĂšs d'intention. Cheikh Anta Diop et ThĂ©ophile Obenga se sont attachĂ©s, parallĂšlement Ă leurs recherches, Ă sensibiliser les Africains Ă l'histoire de l'Afrique avant la colonisation, aux enjeux vitaux qui lui sont associĂ©s, Ă faire naĂźtre des vocations, au moyen de confĂ©rences, de colloques, de longues interviews en Afrique, en Europe, dans les CaraĂŻbes, aux Ătats-Unis. Au fil des annĂ©es des Africains se sont engagĂ©s dans la voie de l'Ă©gyptologie, tout en se heurtant, dâune part Ă lâhostilitĂ© du milieu universitaire, notamment francophone, oĂč une telle orientation est "politiquement incorrecte" et dâautre part Ă la faiblesse des moyens matĂ©riels. Les continuateurs. L'Ăcole africaine d'Ă©gyptologie Une Ă©cole africaine d'Ă©gyptologie s'est progressivement constituĂ©e. C'est le lieu de souligner, ici, toute l'importance que revĂȘt la connaissance de l'intĂ©rieur de l'univers nĂ©gro-africain, particuliĂšrement Ă la langue, la culture matĂ©rielle, les conceptions philosophiques, religieuses et socio-politiques. On touche donc du doigt les critĂšres mĂȘmes que doit satisfaire un spĂ©cialiste vĂ©ritable de l'Afrique ancienne. Les grandes orientations de travail de l'Ă©cole africaine d'Ă©gyptologie recouvrent les thĂ©matiques dĂ©veloppĂ©es par Cheikh Anta Diop, rappelĂ©es plus haut, ainsi que les recommandations du colloque d'Ăgyptologie du Caire. Les rĂ©sultats les plus rĂ©cents des recherches linguistiques, culturelles de maniĂšre gĂ©nĂ©rale sur la civilisation pharaonique alliĂ©s Ă ceux des recherches archĂ©ologiques illustrent la pertinence scientifique du cadre de travail nĂ©gro-africain, son caractĂšre Ă©minemment fĂ©cond. La revue ANKH, Revue d'Ă©gyptologie et des civilisations africaines, a justement pour vocation de publier de tels acquis. ANKH signifie la "Vie" en langue Ă©gyptienne pharaonique. Créée en 1992, elle est dirigĂ©e par le professeur ThĂ©ophile Obenga. Les collaborateurs de ANKH sont des chercheurs de divers pays, marque de son ouverture internationale. On y trouvera, outre les Ă©tudes consacrĂ©es Ă lâAntiquitĂ© Ă©gypto-nubienne linguistique, culture matĂ©rielle, philosophie, religion, archĂ©ologie,..., des synthĂšses sur l'Afrique en gĂ©nĂ©ral, une section sciences exactes physique, mathĂ©matiques, informatique, ..., et une rubrique bibliographique. ParallĂšlement, toute une sĂ©rie dâouvrages traduit la richesse de la recherche Ă©gyptologique africaine cf. bibliographie. Cette production intellectuelle de haut niveau sâenrichit chaque annĂ©e de nouvelles Ă©tudes et constitue la base nĂ©cessaire dâun enseignement de qualitĂ© sur l'Afrique ancienne. En 1981, Cheikh Anta Diop est enfin nommĂ© professeur d'histoire associĂ© Ă la FacultĂ© des Lettres et Sciences Humaines de Dakar, câest-Ă -dire vingt sept ans aprĂšs la parution de Nations nĂšgres et Culture, vingt et un ans aprĂšs son Doctorat d'Ătat. Il y enseignera en maĂźtrise, en DEA et dirigera des thĂšses jusqu'Ă sa disparition en 1986. La relĂšve est assurĂ©e aujourd'hui par Aboubacry Moussa Lam et Babacar Sall, Ă©gyptologues Ă lâUniversitĂ© Cheikh Anta Diop de Dakar. SollicitĂ©s par nombre de clubs, de cercles dâĂ©tudes, d'associations comme les GĂ©nĂ©rations Cheikh Anta Diop du Burkina-Faso, du Niger, du Mali, du SĂ©nĂ©gal, les Ă©gyptologues africains assurent Ă©galement une vulgarisation sur lâhistoire ancienne de lâAfrique Ă travers cours, confĂ©rences, sĂ©minaires, expositions organisĂ©s en Afrique, aux Ătats-Unis, dans les CaraĂŻbes, en Europe. La jeunesse africaine du continent et de la diaspora est dĂ©sormais Ă©difiĂ©e sur la pĂ©riode de son histoire qui prĂ©cĂšde les quatre siĂšcles de la traite nĂ©griĂšre atlantique et d'occupation coloniale, jusqu'aux pĂ©riodes les plus reculĂ©es. L'Ćuvre de Cheikh Anta Diop montre la nĂ©cessitĂ© pour l'Afrique d'un retour Ă l'Ăgypte ancienne dans tous les domaines celui des sciences, de l'art, de la littĂ©rature, du droit, ... La dĂ©marche historique, loin d'ĂȘtre conçue comme un repli sur soi ou une simple dĂ©lectation du passĂ©, permet Ă Cheikh Anta Diop de dĂ©finir le cadre de rĂ©flexion appropriĂ© pour poser, en termes exacts, l'ensemble des problĂšmes culturels, Ă©ducatifs, politiques, Ă©conomiques, scientifiques, techniques, industriels, etc., auxquels sont confrontĂ©s les Africains, aujourd'hui, et pour y apporter des solutions. C'est pourquoi toute son Ćuvre se prĂ©sente comme le socle mĂȘme dâune vĂ©ritable renaissance de l'Afrique "[Et] les Ă©tudes africaines ne sortiront du cercle vicieux oĂč elles se meuvent, pour retrouver tout leur sens et toute leur fĂ©conditĂ©, qu'en s'orientant vers la vallĂ©e du Nil. RĂ©ciproquement, l'Ă©gyptologie ne sortira de sa sclĂ©rose sĂ©culaire, de l'hermĂ©tisme des textes, que du jour oĂč elle aura le courage de faire exploser la vanne qui l'isole, doctrinalement, de la source vivifiante que constitue, pour elle, le monde nĂšgre" AntĂ©rioritĂ© des civilisations nĂšgres - mythe ou vĂ©ritĂ© historique ?, op. cit., p. 12.
CheikhAnta Diop, Volney et le sphinx. Theophile (Cn Obenga. Editeur : Presence Africaine. Date de parution : 11/07/2000. EAN : 9782708706040. 33,30 ⏠Du mĂȘme auteur
The book âNegro Nation and Culturesâ is the fruit of phenomenal research, carried out by Cheikh Anta Diop, to restore the history of black Africa, which has long been obscured. At that time, scientific racism, carried by eminent figures, was rooted in Western society, and had attributed to white the Cartesian being par excellence, the father of all civilizations, and defined black as a primitive, emotional being, incapable of the slightest logic. The ancient Egyptians were blackRelated stories It is in this torrent of racist certainties that Cheikh Anta Diop, a young man 27 years of age, is going to take the dominant ideology to the task, by asserting that the ancient Egyptians, precursors of civilization and science, were black. He not only asserts it, but he also proves it. This thesis had the effect of an earthquake, and since it was bothersome, he had to be silenced. You canât hide the sun with a finger, as the African proverb says. Even if the Sorbonne University rejected his thesis in 1951, PrĂ©sence Africaine published the book in 1954. Notwithstanding the evidence that is not lacking in his book, prejudiced scientists will try by all means to bring his work into disrepute. Deemed too revolutionary, some African intellectuals found it difficult to adhere to the ideas conveyed in the book. AimĂ© CĂ©saire was one of the few to support it. In âDiscourse Against Colonialismâ, he will describe Cheikh Anta Diopâs book as âthe most audacious book a Negro has ever writtenâ. It was only until the 1974 Unesco colloquium that most of his theses were finally recognized âin its way of writing, its culture and its way of thinking, Egypt was Africanâ; these were the conclusions of this summit. Evidence of the negritude of ancient Egypt Figure 1Egyptian 11th Dynasty 2061-2010 BC. Medium painted sandstone. Date 21st Century BC. Egyptian National Museum, Cairo, Egypt. Photographic Rights held by The The Bridgeman Art Library The fight was a long one, and yet long before it, the fatherhood of Egyptian civilization had been attributed to the black race. In the testimonies of Greek scholars such as Herodotus, Aristotle, who were eyewitnesses, the black skin and frizzy hair of the Egyptians were mentioned. Aristotle called them âagan malaneâ to describe their skin, which meant excessively black. In the 18th Century, the Count of Volney, a French historian, faced with overwhelming evidence, drew the same conclusions âThe Copts are therefore properly the representatives of the Egyptians, and there is a singular fact that makes this acceptation even more probable. Looking at the faces of many individuals of this race, I found a peculiar character that caught my attention all of them have a yellowish and smoky skin tone, which is neither Greek nor Arabic; all of them have puffy faces, swollen eyes, crushed noses, big lips; in a word, a real Mulatto figure. âI was tempted to attribute it to the climate when, having visited the Sphinx, its appearance gave me the key to the riddle. On seeing that head, typically Negro in all its features, I remembered the remarkable passage where Herodotus says, âAs for me, I judge the Colchians to be a colony of the Egyptians because, like them, they are black with woolly hairâ In other words, the ancient Egyptians were true Negroes of the same type as all native-born Africans.â One of the other irrefutable proofs of the Negro character of the ancient Egyptians was the color of their gods. Osiris and Thoth, to name but a few were black. The dark representations of the pharaohs and the hairstyles they wore also support the negritude of ancient Egypt. See MENTOUHOTEP II and NEFERTARI. The analogy goes beyond the physical and capillary features. Ancient Egyptian values such as totemism are still present in Black Africa. A comparative linguistic study highlights the similarity between Egyptian and African languages such as Valaf and Serere non-exhaustive list. In light of these arguments, the conclusion is final The invention of writing, of science, we owe it to blacks. The Greek culture which inspired the Roman culture draws its sources from Negro Africa. âPythagoras spent 22 years in Egypt, from 558 to 536 BC. Plato stayed there from 399 to 387 It was therefore there, at the feet of the Egyptian priests, that they drew the knowledge that made their glory. Pharaonic Egypt which was their teacher for so long is part of the heritage of the Black World. It is itself a daughter of Ethiopia. And âin its way of writing, its culture and its way of thinking, Egypt was Africanâ. Giving the black man his rightful place in the history of mankind The fact that this part of the history of mankind was brushed aside was linked to the need to justify colonization. The barbarian negro was then invented and culture was brought to him. This propaganda found it difficult to accept that African society was structured and advanced before the arrival of the settlers. That the emancipation of women was not a problem. As African society is matriarchal, women held positions of responsibility long before this was the case in Europe. The goal that Cheikh Anta Diop had in restoring this truth, was to give back to the forgotten continent its letters of nobility. It was not a question of awakening underlying hints of a superiority complex that could lead to forms of Nazism. [âŠ] the civilization he [the Negro] claims to have created could have been created by any other human race â as far as one can speak of a race â which would have been placed in such a favorable and unique cradleâ [Cheikh Anta Diop, Negro Nations, and Culture, op. cit. 4th edition, p. 401]. Far from being a racist as his detractors wanted to describe him, Cheikh Anta Diop was a great humanist, who was recognized as such. His work aimed to combat scientific racism and to prove that intelligence is in no way linked to skin color. He challenged the conception of the dominant race, which can be considered a significant contribution to the history of mankind. The Legacy of Cheikh Anta Diop Years later, how do we contribute to the propagation of the colossal legacy left by Cheikh Anta Diop? He advocated for a united Africa, gathered together, after having forged a strong identity, which would serve as a solid foundation. Where are we with pan-Africanism? With the adaption of our languages to the realities and sciences as he experienced with the Valaf in the book? With the decolonization of mentalities? It must be said that these subjects remain topical. It is our duty to contribute to the emergence of our continent, which will first and foremost be cultural. In the field of education, we must implement textbooks adapted to our realities. Let us adapt our languages to modern realities. It is not a question of banishing the colonial languages acquired, but of revaluing our own and adapting them to modern science. It is with feet firmly anchored in its roots, free from alienation, detached from the yoke of the colonial, and from the alienation of the colonized, that Africa will know its true value, and that it will be able to take its place on the world chessboard. This re-foundation, which should not be done in a belligerent manner, will generate Africans proud of their origins, who will take their destiny into their own hands.
Dessimilarits frappantes existent entre les positions de Hegel et Cheikh Anta Diop sur la question de lemploi des langues nationales dans lenseignement. Lamine Keta accuse Hegel dtre euro-chauvin pour avoir amput lAfrique dune de ses parties, lgypte. Pour Perter-Anton von Arnim, ce nest pas Hegel qui a amput lAfrique noire de sa partie gyptienne, ctait
Les manuels des classes de collĂšge de la sixiĂšme Ă la troisiĂšme sont signĂ©s par une Ă©quipe dâenseignants africains ». Qui sont ces enseignants anonymes ? Nous nâavons aucune information sur leur identitĂ© encore moins sur leurs compĂ©tences. Il est parfois mentionnĂ© au dĂ©but du manuel coordination Sophie le Callennec ». Or Sophie le Callennec nâest pas africaine. Si elle ne fait pas sĂ»rement partie de lâ Ă©quipe dâenseignants africains » alors Ă quel titre intervient- elle ? Manifestement on veut donner lâillusion que ces manuels sont lâĆuvre dâafricains sans doute pour ne pas heurter les sensibilitĂ©s nationales des lecteurs. Alors quâen rĂ©alitĂ© ces enseignants africains travaillent vraisemblablement sous le contrĂŽle intellectuel dâune historienne non africaine. La direction de la rĂ©daction dâun manuel dâhistoire ivoirien par un historien non africain ressortissant de lâancien pays colonisateur est un choix malheureux de la maison dâĂ©dition française. A ce propos, voici la position de lâhistorien Joseph. Ki â Zerbo. De mĂȘme, autant le concours de tous les savants est nĂ©cessaire pour produire des monographies, et mĂȘme des Ă©tudes gĂ©nĂ©rales sur lâhistoire de lâAfrique, autant lâinterprĂ©tation gĂ©nĂ©rale de ce passĂ© et la confection des manuels dâhistoire de lâAfrique Ă lâusage des jeunes citoyens africains, doit incomber avant tout Ă des historiens africains? Ceux â ci ont pour vocation pour Ă©duquer leur concitoyens » [1] De ce qui prĂ©cĂšde une grave question se pose. La CĂŽte dâIvoire a-t-elle donc perdu lâinitiative historique et politique de lâĂ©criture de ses manuels dâhistoire ? Aussi est-on amenĂ© Ă sâinterroger sur les rapports que lâEtat de CĂŽte dâIvoire entretint avec lâhistoire ? On se souvient que lâĂ©crivain Bernard DadiĂ© a rĂ©vĂ©lĂ© dans un article du journal le jour », lâautodafĂ© de manuels dâhistoire dans les annĂ©es 1960 [2] par des autoritĂ©s acadĂ©miques. [1] Joseph Ki âZebo, Histoire de lâAfrique noire dâhier Ă aujourdâhui, Paris Hatier, page 29. [2] Un livre parlant de cet homme nâa-t-il pas Ă©tĂ© brulĂ© dans la cour de lâAcadĂ©mie ? Sur ordre de qui ? Câest homme, câĂ©tait Gabriel DadiĂ© » dans Bernard B. DadiĂ©, Cailloux blancs, chroniques, Abidjan, NEI/CEDA, 2004. Page 23. Il sâagit dâaprĂšs nos enquĂȘtes du premier manuel dâhistoire ; AndrĂ© ClĂ©rici sous la direction, Histoire de la CĂŽte dâIvoire, Abidjan, CEDA, 1962 2 â Lâabsence dâun paradigme civilisationel » Le constituant ivoirien proclame LâEtat a le devoir de sauvegarder et de promouvoir les valeurs nationales de civilisation ainsi que les traditions culturelles non contraires Ă la loi et aux bonnes mĆurs »[1]. LâEtat ivoirien a donc un projet culturel qui sâenracine naturellement dans les traditions nĂ©gro-africaines. Câest lâune des fonctions de lâĂ©ducation et en particulier de lâhistoire de porter le projet de civilisation de la sociĂ©tĂ© car lâenseignement doit ĂȘtre organisĂ© autour des intĂ©rĂȘts et des buts de la sociĂ©tĂ© afin dâassurer la reproduction de celle-ci. Or une des caractĂ©ristiques de la civilisation nĂ©gro-africaine câest quâelle repose sur les humanitĂ©s classiques Ă©gypto-nubiennes, socle de lâunitĂ© culturelle africaine. Câest Cheikh Anta Diop qui rendra le mieux compte du paradigme civilisationel » africain ; Les nouvelles humanitĂ©s africaines devront reposer sur les fondements de la culture Ă©gypto-nubienne, de mĂȘme que les humanitĂ©s occidentales sâappuient sur la culture grĂ©co-romaine antique. Sans rĂ©fĂ©rence systĂ©matique Ă lâEgypte dans tous les domaines de la culture, il ne sera pas possible de bĂątir un corps de sciences humaines le spĂ©cialiste africain qui veut faire Ćuvre scientifique nâa pas le choix, il ne peut pas se contenter de flirter avec les faits culturels Ă©gyptiens »[2]. Aussi les pĂ©dagogies africaines doivent avoir pour paradigme le complexe Ă©gypto ânubien ancien.[3] Or lâanalyse des manuels dâhistoire examinĂ©s dans cette Ă©tude montre que les auteurs ne prennent pas Ă leur compte cet hĂ©ritage des humanitĂ©s classiques africaines. Tout au contraire les auteurs, Ă la suite des africanistes », falsifient honteusement lâhistoire en sâemployant Ă couper » lâEgypte ancienne » du reste du monde nĂ©gro-africain pour la rattacher Ă lâOrient. Or comme le souligne Diop lâorientalisme » est une frustration pour les africains. [1] Article 7 de la Constitution de CĂŽte dâIvoire de 2000. [2]Cheick Anta Diop, AntiquitĂ© Africaine par lâimage, Paris, PrĂ©sence Africaine, 1967. Page 12. [3] ThĂ©ophile Obenga , Hommage Ă AntĂ©nor Firmin 18850-1911, Ă©gyptologue haĂŻtien, ANKH N°17 annĂ©e 2008, 132-143. 3 â Lâabsence du temps historique et de lâunitĂ© culturelle africaine Lâhistoire africaine telle quâelle se donne Ă voir dans ces manuels nie lâunitĂ© historique et culturelle du continent. Et pourtant les travaux de Cheikh Anta Diop et ThĂ©ophile Obinga ont dĂ©finitivement rĂ©glĂ© la question. En effet, LâĆuvre de Cheikh Anta Diop a introduit le temps historique et lâunitĂ© culturelle dans les Ă©tudes africaines, sortant lâAfrique du carcan anhistorique et ethnographique dans lequel les historiens africanistes traditionnels lâavaient enfermĂ©e » [1]. En 1993, ThĂ©ophile Obinga, dans un livre fondateur de la linguistique historique africaine, [2] dĂ©montre la parentĂ© gĂ©nĂ©tique des langues Negro âAfricaines et en tire des grandes consĂ©quences ; lâexistence dâun ancĂȘtre commun prĂ©-dialectal qui est le Negro â Egyptien ; une civilisation commune existe de ce fait, unissant tout le domaine du nĂ©gro africain; lâEgypte pharaonique est la toute premiĂšre grande civilisation historique apparue dans le domaine du Negro â Africain. Lâaspiration de tous les Ă©tats africains et des africains du continent et de la diaspora est de construire une fĂ©dĂ©ration politique panafricaine. LâUnion africaine et toutes les autres organisations rĂ©gionales dites dâintĂ©gration seraient lâun des moyens stratĂ©gique pour atteindre cet objectif politique Mais comment construire un avenir commun, si lâenseignement de lâhistoire dissimule et minorise le destin commun qui lie tous les africains depuis la genĂšse de lâhumanitĂ©. Câest sans doute pour cette raison que Molefe kete Asante a pu Ă©crire dans un livre fondateur de lâafrocentricitĂ© Depuis le dix â huitiĂšme siĂšcle, nos penseurs cherchent Ă Ă©tablir notre union politique et Ă©conomiqueâŠCette quĂȘte a engendrĂ© de faux espoirs, et dâopter pour des illusions nous a fatiguĂ©s de la rhĂ©torique de lâunitĂ©. Ce nâest pas lâunitĂ© que nous devons rechercher, câest la conscience collective. » [3] Or lâhistoire en est le fondement. [1] Obinga , ThĂ©ophile Cheikh Anta Diop, Volney et le Sphinx ; contribution de Cheikh Anta Diop Ă lâhistoriographie mondiale, Paris, PrĂ©sence Africaine/Khepera, 1996, [2] Obinga ThĂ©ophile, Origine commune de lâEgyptien ancien du copte et des langues Negro â Africaines modernes; introduction Ă la linguistique historique africaine, Paris, lâHarmattan, 1993. [3] AsantĂ© Molefi Kete, LâafrocentricitĂ©, traduction Ama Mazama, Paris, Editions Menaibuc, 2003, page 53. 4 â La genĂšse de lâhumanitĂ© A propos de lâapparition de lâhomme sur la terre, les auteurs de ces manuels prĂ©sentent sous forme trĂšs hypothĂ©tique la naissance de lâhomme moderne en Afrique Lâon peut supposer que lâAfrique, oĂč les premiers hommes sont apparus, a Ă©tĂ© le premier continent habitĂ© »[1]. Pourtant en lâĂ©tat actuel des connaissances, lâapparition de lâhomme en Afrique nâest plus une simple hypothĂšse mais un fait vĂ©rifiable. La chronologie des grandes Ă©tapes des dĂ©couvertes scientifiques et recherches lâatteste. 1880 Charles Darwin fĂ»t le premier scientifique Ă publier une thĂ©orie moderne sur lâĂ©volution et sur lâorigine de lâhomme. Il fut aussi le premier Ă dĂ©signer lâAfrique comme son lieu dâorigine R. Leakey, 1980. 1954 Cheikh Anta Diop soutient la thĂšse du monogĂ©nĂ©tisme et de lâafricanitĂ© de lâhumanitĂ© 1959 Louis et Mary Leakey interprĂ©tant pour la premiĂšre fois les fouilles de Olduva en Tanzanie confirment lâorigine africaine de lâhumanitĂ©. 1967 le palĂ©ontologue Louis Leakey dĂ©couvre deux crĂąnes fossiles Omo 1 et Omo 2 Ă Kibish dans le sud de la riviĂšre Omo en lâEthiopie. Ils sont datĂ©s de 130 000 ans avant lâĂšre chrĂ©tienne. 1997 â 2003 Fouilles archĂ©ologiques dirigĂ©es par Tim Wite et Berhane Asafaw prĂšs du village de Herto en Ethiopie. LâĂ©quipe met au jour deux crĂąnes dâadultes et celui dâun enfant prĂšs du village de Herto, dans la dĂ©pression de lâAfar Ă lâEst de lâEthiopie. Câest le genre homo sapiens Idaltu. LâĂąge obtenu par la mĂ©thode argon est fixĂ© entre 154 000 et 160 000 ans avant lâĂšre chrĂ©tienne. Cette dĂ©couverte confirme lâorigine africaine de lâhomo sapiens sapiens. Il met en relief toute la chaĂźne de lâĂ©volution en Ethiopie. En 2005, les fossiles omo 1 et omo 2 dĂ©couvertes par Louis Leakey font lâobjet dâune nouvelle datation entreprise par une Ă©quipe de chercheurs amĂ©ricains et australiens dirigĂ©e par Ian Mc Dougall Ă partir des sĂ©diments rocheux dâoĂč les deux fossiles avaient Ă©tĂ© extraits en 1967. La mĂ©thode isotopique Ă lâargon a permis de conclure Ă une datation de 195 000 +-5000 ans avant lâĂšre chrĂ©tienne. Ce sont aujourdâhui les plus vieux ossements dâHomo sapiens sapiens ou hommes modernes dĂ©couverts[2]. PrĂ©coces et africains. Ces fossiles renforcent lâhypothĂšse dâune origine commune et africaine de tous les hommes actuels Luigi Luca Cavalli â Sforza, gĂ©nĂ©ticien Ă lâUniversitĂ© de Standford, confirme lâorigine monogĂ©nĂ©tique, de lâhumanitĂ© Ă partir de lâADN. Le savant africain ThĂ©ophile Obenga a cette belle formule Le moment le plus puissant et jamais renouvelĂ© que lâhumanitĂ© ait vĂ©cu fut prĂ©cisĂ©ment ce moment exceptionnel oĂč lâhomme se trouva homme sur le sol africain »[3]. Par la suite, de nombreux scientifiques dans des disciplines diverses viendront par les rĂ©sultats de leurs recherches conforter la thĂšse de lâorigine africaine et monogĂ©nĂ©tique de lâhumanitĂ©. Ainsi Yves Coppens, Gunter Brauer, Donald Johanson, Richard Leakey, Stephen Jay Gould et Maurice TaĂźb en palĂ©ontologie humaine, Rebecca L. cann, M. Stoneking et Allan C. Wilson en Analyse des distances gĂ©nĂ©tiques, Richard Lewontin en Technique de lâĂ©lectrophorĂšse ; Joseph H. Reichholf en biologie et Ă©cologie[4]. Tous dĂ©montrent que lâespĂšce humaine a une origine commune venue de lâAfrique de lâEst au niveau de lâhomo erectus, du nĂ©andertalien, de lâHomo sapiens sapiens[5]. Comment peut- on alors encore parler dâhypothĂšse ? Les auteurs font semblant de ne pas ĂȘtre Ă jour sur cette question afin de dissimuler aux enfants lâorigine africaine de lâhumanitĂ©. Pourtant les auteurs prĂ©sentent une carte dans le mĂȘme chapitre 8. Les premiers hommes ». Cette carte intitulĂ©e le peuplement de la terre » montre sans Ă©quivoque le peuplement Ă partir de la vallĂ©e du Nil selon la thĂšse monogĂ©nĂ©tique. Mais les auteurs restent silencieux sur la signification de cette carte. Il y a un autre paradoxe, le texte intitulĂ© lâAfrique berceau de lâhumanitĂ© » est un extrait des Ćuvres de Leopold SĂ©dar Sengor datĂ© de 1967. Celui â ci est connu pour ĂȘtre un grand poĂšte. Pourquoi prĂ©fĂ©rer lâargumentaire dâun poĂšte Ă celui dâun scientifique comme Cheikh Anta Diop qui a Ă©tabli les fondements scientifiques de cette thĂšse ? [1] Une Ă©quipe dâenseignants africains, Histoire gĂ©ographie, 6 e. Paris CEDA, Groupe Hatier international, 2001. Page 24. [2] Nature, vol 433, 733, 736 annĂ©e 17 fĂ©vrier 2005 [3] ThĂ©ophile Obenga, Cheihh Anta Diop, Volney et le sphinx, PrĂ©sence Africaine/Khepera, Paris, 1996. Page 236. [4] ThĂ©ophile Obenga, Cheihh Anta Diop, Volney et le sphinx, PrĂ©sence Africaine/Khepera, Paris, 1996, page [5]ThĂ©ophile Obenga, Cheihh Anta Diop, Volney et le sphinx, PrĂ©sence Africaine/Khepera, Paris, 1996, page 236. 5 â La naissance de lâart et de la pensĂ©e symbolique Les auteurs des manuels dâhistoire utilisĂ©s dans les collĂšges ivoiriens Ă©vitent soigneusement de dire que lâart est nĂ© en Afrique. Ils notent dans le manuel de sixiĂšme En Europe les plus anciens vestiges dâart datent dâil y a 35 000 ans »[1]. Câest en 1940 que H. Breuil authentifie les grottes de Lascaux et en fait une premiĂšre description. La datation de la grotte par Libby au carbone 14 donne de 17 000 ans avant lâĂšre chrĂ©tienne câest-Ă -dire dans le MagdalĂ©nien. Ainsi et jusquâĂ la fin des annĂ©es 1990, de nombreux chercheurs, sur la base des peintures rupestres des grottes de Lascaux ou Chauvet, Ă©taient convaincus que la rĂ©volution culturelle des homo Sapiens Sapiens venant dâAfrique, avait eu lieu en Europe et en France en particulier. Mais une autre datation de la dame de Brassempouy tĂȘte de femme en ivoire donne 23 000 avant lâĂšre chrĂ©tienne. Mais de nouvelles dĂ©couvertes vont remettre en cause cette thĂšse ; 1950. DĂ©couverte de lâos dâIshango par un gĂ©ologiste belge du nom de Jean de Heinzelin. La connaissance des mathĂ©matiques par les africains est attestĂ©e aux sources du Nil 25 000 ans avant lâĂšre chrĂ©tienne[2].AnnĂ©es 1970 La dĂ©couverte de lâos de Lebombo entre la RĂ©publique Sud â africaine et le Swaziland permet dâattester plus loin encore dans le temps de la rĂ©flexion mathĂ©matique chez les africains soit 35 et 37 000 ans avant lâĂšre partir de 1991, Henshilwood conduit des fouilles dans la grotte de Blombos en RSA. Les pierres gravĂ©es et les coquillages trouvĂ©s dans la grotte montrent, que lâart graphique et la pensĂ©e symbolique sont apparus depuis bien longtemps en Afrique, vers 77 000 ans avant lâĂšre ocre gravĂ© voir annexe qui comporte une sĂ©rie de lignes parallĂšles est la premiĂšre attestation connue Ă ce jour de lâexistence de la pensĂ©e symbolique » qui caractĂ©rise lâhomme moderne lâhomo sapiens sapiens. En rapportant la date des anciens vestiges dâart europĂ©ens et en faisant le silence sur celles dâAfrique qui sont pourtant plus ancienne encore, les auteurs laissent entendre quâil nâexiste pas dâattestation ancienne de lâart en Afrique. Cette prĂ©sentation tronquĂ©e de la rĂ©alitĂ© est une manipulation qui vise Ă tromper lâapprenant. Nous avons la preuve que la falsification de lâhistoire par les auteurs est une entreprise consciente car la manipulation ne relĂšve pas de la science mais de la prestidigitation. Per ankh Kemetmaat [1] Une Ă©quipe dâenseignants africains, Histoire gĂ©ographie, 6 e. Paris CEDA, Groupe Hatier international, 24. [2] Ankh n°12 et 13. 2003 -2004. SOURCE Afrocenticity internationnal
CheikhAnta Diop, Volney et le Sphinx contribution de Cheikh Anta Diop à l'historiographie mondiale by Théophile Obenga. 0 Ratings 0 Want to read; 0 Currently reading; 0 Have read; Donate this book to the Internet Archive library. à Close. Hooray! You've discovered a title that's missing from our library
Cheikh Anta Diop Le livre Nation nĂšgres et cultures », est le fruit de recherches phĂ©nomĂ©nales, menĂ©es par Cheikh Anta Diop, afin de restaurer lâhistoire de lâAfrique noire longtemps occultĂ©e. Ă cette Ă©poque, le racisme scientifique, portĂ© par dâĂ©minentes figures, Ă©tait enracinĂ© dans la sociĂ©tĂ© occidentale, et avait attribuĂ© au blanc lâĂȘtre cartĂ©sien par excellence, la paternitĂ© de toutes les civilisations, et dĂ©fini le noir, comme un ĂȘtre primitif, Ă©motif, incapable de la moindre logique. Les Ăgyptiens de lâantiquitĂ© Ă©taient noirs Câest dans ce torrent de certitudes racistes, que Cheikh Anta Diop, jeune homme de 27 ans, va prendre lâidĂ©ologie dominante Ă contre-pied, en affirmant que les Ăgyptiens de lâantiquitĂ©, prĂ©curseurs de la civilisation et des sciences Ă©taient des noirs. Il ne fait pas que lâaffirmer, il le prouve. Cette thĂšse fit lâeffet dâun sĂ©isme, et comme elle dĂ©rangeait, il fallait le faire taire. On ne peut cacher le soleil avec la main dit le proverbe africain. MĂȘme si lâuniversitĂ© de la Sorbonne rejette sa thĂšse en 1951, PrĂ©sence africaine Ă©ditera le livre en 1954. Nonobstant les preuves qui ne manquent pas dans son livre, des scientifiques pĂ©tris de prĂ©jugĂ©s essaieront par tous les moyens, de jeter le discrĂ©dit sur son travail. JugĂ©es trop rĂ©volutionnaires, certains intellectuels africains avaient du mal Ă adhĂ©rer aux idĂ©es vĂ©hiculĂ©es dans le livre. AimĂ© CĂ©saire fut lâun des rares Ă le soutenir. Dans discours contre le colonialisme », il qualifiera le livre de Cheick Anta Diop de livre le plus audacieux quâun nĂšgre nâait jamais Ă©crit » Il a fallu attendre le colloque de lâUnesco en 1974, pour que la plus grande partie de ses thĂšses soient finalement reconnus dans sa façon dâĂ©crire, sa culture et sa façon de penser, lâEgypte Ă©tait africaine » telles furent les conclusions de ce sommet. Les preuves de la nĂ©gritude de lâEgypte antique Statue en grĂšs du pharaon Montouhotep II environ 2055-2004 avant JC, provenant de Deir elBahari, situĂ© sur la rive gauche du Nil face Ă Louxor. Elle est exposĂ©e au MusĂ©e national Ă©gyptien au Caire. AFP â Luisa Ricciarini/Leemage Le combat fut de longue haleine, et pourtant, bien avant lui, la paternitĂ© de la civilisation Ăgyptienne avait Ă©tĂ© attribuĂ© Ă la race noire. Dans les tĂ©moignages de savants grecs comme HĂ©rodote, Aristote, qui avait Ă©tĂ© des tĂ©moins oculaires, la peau noire et les cheveux crĂ©pus des Ăgyptiens Ă©taient mentionnĂ©s. Aristote disait dâeux quâils Ă©taient agan malane », pour dĂ©crire leur peau ce qui signifiait excessivement noir. Au 18e s, le comte de Volney, historien français, devant les Ă©vidences accablantes, tira les mĂȘmes conclusions Les Coptes sont donc proprement les reprĂ©sentants des Egyptiens et il est un fait singulier qui rend cette acception encore plus probable. En considĂ©rant le visage de beaucoup dâindividus de cette race, je lui ai trouvĂ© un caractĂšre particulier qui a fixĂ© mon attention tous ont un ton de peau jaunĂątre et fumeux, qui nâest ni grec, ni arabe ; tous ont le visage bouffi, lâoeil gonflĂ©, le nez Ă©crasĂ©, la lĂšvre grosse ; en un mot, une vraie figure de MulĂątre. JâĂ©tais tentĂ© de lâattribuer au climat, lorsquâayant visitĂ© le Sphinx, son aspect me donna le mot de lâĂ©nigme. En voyant cette tĂȘte caractĂ©risĂ©e de nĂšgre dans tous ses traits, je me rappelais ce passage remarquable dâHĂ©rodote, oĂč il dit âPour moi, jâestime que les Colches sont une colonie des Egyptiens, parce que, comme eux, ils ont la peau noire et les cheveux crĂ©pusâ, câest Ă dire que les anciens Egyptiens Ă©taient de vrais nĂšgres de lâespĂšce de tous les naturels de lâAfrique.» Une des autres preuves irrĂ©futables du caractĂšre nĂšgre des anciens Ăgyptiens, Ă©taient la couleur de leurs dieux. Osiris et Thot pour ne citer quâeux Ă©taient noirs. Les reprĂ©sentations foncĂ©es des pharaons et les coiffures quâils arboraient, Ă©tayent aussi la nĂ©gritude de lâĂgypte antique. voir les reprĂ©sentations de MENTOUHOTEP 1er et NĂFERTARI Lâanalogie va au-delĂ des traits physiques et capillaires. Des valeurs propres Ă lâĂgypte antique, comme le totĂ©misme sont encore prĂ©sentes en Afrique noire, Une Ă©tude comparĂ©e linguistique, souligne des similitudes entre lâĂgyptien et les langues africaines comme le Valaf et le Serereliste non exhaustive. Au vue de ces arguments, la conclusion est sans appel Lâinvention de lâĂ©criture, des sciences nous la devons Ă des noirs. La culture grecque qui a inspirĂ© la culture romaine, tire ses sources de lâAfrique nĂšgre. Pythagore est restĂ© en Egypte pendant 22 ans, de 558 Ă 536 av. J-C. Platon y est restĂ© de 399 Ă 387 av. Câest par consĂ©quent lĂ -bas, aux pieds des prĂȘtres Ăgyptiens, quâils ont puisĂ© le savoir qui a fait leur gloire. LâEgypte pharaonique qui a Ă©tĂ© leur institutrice pendant si longtemps fait partie du patrimoine du Monde Noir. Elle est elle-mĂȘme fille de lâEthiopie. Et dans sa façon dâĂ©crire, sa culture et sa façon de penser, lâEgypte Ă©tait africaine ». Donner Ă lâhomme noir la place qui lui revient dans lâhistoire de lâhumanitĂ© Le fait que ce pan de lâhistoire de lâhumanitĂ©, ait Ă©tĂ© balaye du revers de la main, Ă©tait liĂ© au besoin de justifier la colonisation. On invente alors le nĂšgre barbare, Ă qui on apporte la culture. Cette propagande avait du mal Ă accepter que la sociĂ©tĂ© africaine Ă©tait structurĂ©e et avancĂ©e, avant lâarrivĂ©e des colons. Que lâĂ©mancipation des femmes nâĂ©tait pas un problĂšme. La sociĂ©tĂ© africaine Ă©tant matriarcale, les femmes occupaient des postes de responsabilitĂ©, bien avant que ce fut le cas en Europe. Le but de Cheikh Anta Diop en restituant cette vĂ©ritĂ©, Ă©tait de redonner au continent oubliĂ© ses lettres de noblesse. Il ne sâagissait pas dâĂ©veiller des relents sous-jacents de complexe de supĂ©rioritĂ©, pouvant dĂ©boucher sur des formes nazisme. [âŠ] la civilisation dont il [le NĂšgre] se rĂ©clame eĂ»t pu ĂȘtre créée par nâimporte quelle autre race humaine â pour autant que lâon puisse parler dâune race â qui eĂ»t Ă©tĂ© placĂ©e dans un berceau aussi favorable, aussi uniqueâ [Cheikh Anta Diop, Nations nĂšgres et Culture]. Loin dâĂȘtre un raciste comme voulait le dĂ©crire ses dĂ©tracteurs, Cheikh Anta Diop Ă©tait un grand humaniste, qui a Ă©tĂ© reconnu comme tel. Son travail a consistĂ© Ă combattre le racisme scientifique, et Ă prouver que lâintelligence nâest nullement liĂ©e Ă la couleur de peau. Il a remis en cause la conception de la race dominante, ce quâon peut considĂ©rer comme un apport non nĂ©gligeable Ă lâhistoire de lâhumanitĂ©. LâhĂ©ritage de Cheikh Anta Diop Des annĂ©es plus tard, comment contribuons-nous Ă la propagation de lâhĂ©ritage colossal de Cheick Anta Diop ? Il prĂŽnait une Afrique unie, rassemblĂ©e, aprĂšs sâĂȘtre forgĂ©e une identitĂ© forte qui servirait de fondation solide. OĂč en sommes-nous avec le panafricanisme ?Avec lâadaptation de nos langues aux rĂ©alitĂ©s et aux sciences comme il en a fait lâexpĂ©rience avec le Valaf dans le livre ? Avec la dĂ©colonisation des mentalitĂ©s ? Force est de constater ,que ces sujets restent dâactualitĂ©. La tĂąche qui nous incombe aujourdâhui, est de contribuer TOUS Ă lâĂ©mergence de notre continent, qui sera dâabord culturelle. Dans le domaine scolaire, nous devons implĂ©menter des manuels adapter Ă nos rĂ©alitĂ©s. Adaptons nos langues aux rĂ©alitĂ©s modernes. Il ne sâagit pas de bannir les langues coloniales acquises, mais revaloriser les nĂŽtres et les adapter aux sciences modernes. Câest les pieds solidement ancrĂ©s dans ses racines, libre de toute aliĂ©nation, dĂ©tachĂ©e du joug du colonial, et de lâaliĂ©nation du colonisĂ©, que lâAfrique connaitra sa vraie valeur, et quâelle pourra prendre sa place sur lâĂ©chiquier mondial. Cette refondation qui ne doit pas se faire dans une dĂ©marche belliqueuse, engendrera des africains fiers de leurs origines, qui prendront leur destinĂ©e en main.
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RĂ©ponse du DĂ©partement CivilisationVous trouverez un exposĂ© synthĂ©tique et Ă©quilibrĂ© sur la trĂšs complexe et trĂšs controversĂ©e question de lâorigine de la philosophie africaine et ses principaux enjeux en consultant le site du Dr. Nsame Mbongo de lâuniversitĂ© de Douala Naissance de la philosophie et renaissance africaine Origines et enjeux de la philosophie nĂ©gro-pharaoniqueRĂ©sumĂ© La philosophie, en tant que pensĂ©e sociale, est le lieu de problĂšmes fondamentaux qui engagent le destin historique des peuples et la responsabilitĂ© politique des Etats. Bien que dĂ©clarĂ©e souvent non philosophique, la pensĂ©e africaine nâĂ©chappe pas Ă la rĂšgle. Mais que faut-il entendre prĂ©cisĂ©ment par philosophie dans un continent oĂč les mythologies, les mentalitĂ©s et mĂȘme les devinettes passent pour philosophiques aux yeux de certains ? Il importe dâĂ©tablir clairement quâen philosophie, la raison frĂ©quente le mythe tout en lâĂ©vitant. DĂšs lors, il apparaĂźtra que la naissance de cette activitĂ© intellectuelle et existentielle est Ă mettre en rapport avec lâantiquitĂ© africaine. Pourtant, les vicissitudes de lâhistoire ont plutĂŽt fait triompher le miracle grec ». Il nâen reste pas moins que lâAfrique a de bonnes raisons de revendiquer lâhĂ©ritage philosophique pharaonique en vue de sa Renaissance la personnalitĂ© et lâĆuvre de Cheikh Anta Diop Cheikh Anta DiopCheikh Anta Diop, Volney et le Sphinx de ThĂ©ophile ObengaCheikh Anta Diop lâhomme et lâĆuvre aperçu par le texte et par lâimage les racines du futur de MâbackĂ© DiopSur la problĂ©matique afrocentrique Civilisation ou barbarie anthropologie sans complaisance de Cheikh Anta DiopDeux livres dâun de ses plus proches disciples La philosophie africaine de la pĂ©riode pharaonique 2780-330 avant notre Ăšre de ThĂ©ophile ObengaPour une nouvelle histoire de ThĂ©ophile ObengaDeux livres critiques Ă©crits par des universitaires africains Sur la philosophie africaine de Paulin J. HountondjiLâeurophilosophie face Ă la pensĂ©e du nĂ©gro-africain thĂšses sur lâĂ©pistĂ©mologie du rĂ©el et problĂ©matique nĂ©o-pharaonique de PathĂ© DiagnePour finir, deux livres trĂšs critiques Ă©crits par des europĂ©ens Afrocentrismes lâhistoire des Africains entre Egypte et AmĂ©rique sous la direction de François-Xavier Fauvelle, Jean-Pierre ChrĂ©tien et Claude-HĂ©lĂšne PerrotLâAfrique de Cheikh Anta Diop histoire et idĂ©ologie de François-Xavier Fauvelle
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cheikh anta diop volney et le sphinx