On l’a quittée la médaille d’or paralympique de snowboard autour du cou. On l’a retrouvée avec une planche de surf et une 2e place à l’Open international de Saint-Gilles-Croix-de-Vie pour sa première compétition dans l’eau. À bientôt 48 ans, qu’elle fêtera ce dimanche 19 juin, Cécile Hernandez, une personne de challenges, se lance un nouveau défi participer aux Jeux Paralympiques de… Los Angeles en 2028. Avec Cécile Hernandez, il faut s’attendre à tout. Surtout quand on lui dit que ce n’est pas possible. La Catalane, qui se bat depuis deux décennies contre la sclérose en plaques, une maladie dégénérative du système nerveux, a du caractère. Elle l’a démontré lors des Jeux Paralympiques de Pékin où, indésirable, la snowboardeuse française a dû assigner en justice le Comité international paralympique pour obtenir l’autorisation de participer à ses troisièmes Jeux. La raison ? Sa catégorie, qui rassemble les athlètes touchés au-dessus des genoux, a été supprimée aux Jeux en raison d’un nombre insuffisant de compétitrices. "Pour qu’une compétition soit possible, il faut au minimum six athlètes de trois pays différents", avait estimé l’IPC dans un communiqué. Or seules deux concurrentes étaient alignées aux championnats du monde de parasnowboard à Pyhä Finlande, en 2019, dans cette catégorie. Cécile Hernandez se disait prête à affronter des athlètes ayant un handicap moins lourd. Mais l’IPC n’a d’abord rien voulu entendre, refusant de mélanger les handicaps en snowboard aux Jeux. Il a donc fallu se battre devant un tribunal. La sociétaire du Ski Club des Angles a fait appel à un avocat allemand auprès du tribunal de Düsseldorf. La suite ? Cela tient presque du conte de fées. Le 7 mars 2022, à Pékin, elle décroche la plus belle des médailles en snowboard cross. Déjà championne du monde de snowboard cross à Lillehammer en début d’année, Cécile Hernandez décrochait ainsi à Pékin son premier titre paralympique après plusieurs médailles à Pyeongchang 2 018 et Sotchi 2 014. On pouvait alors penser qu’elle allait s’arrêter là. Sauf que c’est une femme de défis. D’abord, elle va continuer le snowboard en élite, se concentrer uniquement sur le "banked slalom" avec une première compétition en janvier 2023 à Àre Suède. "J’ai toujours été attiréepar les sports d’été"Le snowboard, c’est une chose, mais ce n’était visiblement pas suffisamment. Elle avait un projet secrètement gardé participer aux Jeux Olympiques de Paris en 2024. Des JO d’été mais dans quelle discipline ? Cécile Hernandez ne s’en cache pas. "J’ai toujours été attiré par des sports d’été". Elle s’est donc mise au surf, au parasurf plutôt. Et comme elle est attachée à son territoire, véritable ambassadrice de son "66", elle a pris une licence au club de Canet-en-Roussillon. Une planche en chasse une autre. Ce sera donc le surf à Canet l’été, le snowboard aux Angles l’ parasurf, elle a vite montré des aptitudes. Au point que l’entraîneur de Canet l’a inscrite à l’Open de France qui s’est déroulé le week-end dernier à Saint-Gilles-Croix-de-Vie, en Vendée. Sur place, où elle était venue "observer, prendre de l’expérience et faire des connaissances", elle bénéficie des conseils du père de Jérémy Flores, la méga star du surf français natif de l’île de la Réunion marié à une ancienne Miss Tahiti. Dans l’eau, très vite, Cécile Hernandez se montre comme un poisson. À l’aise au point de décrocher la deuxième place derrière Laurie Philipps, une néophyte coup d’essai et presque un coup de maître pour la championne paralympique de Pékin. Qui se prend à rêver non plus des JO de Paris dans deux ans, mais de ceux de Los Angeles en 2028. "Le parasurf ne sera pas présent sur les Jeux de Paris mais il sera là quatre ans plus tard. Très honnêtement, en 2028, les Jeux Paralympiques de Los Angeles, j’y pense ! Ça peut paraître fou parce que j’aurais plus de 50 ans NDLR 54 mais j’y crois. En parasurf, la moyenne d’âge est assez élevée et donc forcément, je me dis que je peux le faire".Cécile Hernandez ne s’en cache pas. Elle est une personne de challenges "J’avais envie de me fixer de nouveaux objectifs". En snowboard cross, après une saison exceptionnelle championne olympique, championne du monde et vainqueur du Globe de cristal, elle se lance donc un nouveau défi dans un sport qu’elle découvre, elle qui a contribué à travers ses résultats et ses 3 Paralympiades 2014, 2018, 2 022 à changer le regard des gens sur le handicap. "Avant, on nous voyait comme des handicapés qui faisaient du sport. Maintenant, on nous perçoit davantage comme des athlètes de haut niveau avec un handicap".